Ils sont morts dans l’oubli de tous….avant le coronavirus déjà, affirme Jacqueline, bénévole d’accompagnement dans un Ehpad.
Oui, Marguerite, Francette, Antonio, Suzanne, Paulette et Boris, souvent, je pense à vous.
A la manière dont vous avez vécu les dernières années de votre vie. Au lieu, de vous réjouir d’avoir fêté vos 87,100, 89, 92, 95, 93 ans, et donc réussi à jouer les prolongations (vos grands-parents étaient morts beaucoup jeunes que vous), vous regrettiez d’être toujours là. Et d’être confrontés à cette souffrance de vous sentir comme déjà morts. Invisibles, inaudibles, inutiles. Parfois vous vous étonniez qu’on frappe à votre porte pour vous proposer un brin de causette. Cela vous paraissait suspect, tant vous vous étiez habitués à n’y être plus pour personne.
Aujourd’hui, le nombre des décès parmi les plus âgés de la population bouleverse. D’autant que la mort frappe à huit-clos et que le confinement rend difficile, voire interdit, les adieux. Mais cet effroi perdurera-t-il au-delà du confinement ? Nous incitera-t-il à envisager de vieillir longtemps « autrement » ? Pas au rebut ni dans le confinement de son appartement ? Pas dans le retranchement volontaire au prétexte qu’être vieux serait disqualifiant ? Mais en restant en liens avec les autres ?
Virginie, bénévole d’accompagnement auprès de personnes âgées