« Parce qu’on est souvent seul(e) à intervenir au domicile d’une personne, nous échangeons peu avec les autres professionnels et avec nos collègues : c’est dommage. L’échange entre nous est une condition nécessaire pour bien faire notre travail ». L’appel à plus de communication entre tous les acteurs de l’aide de François Bouillon.
Est-ce que c’est parce que j’aime les sports d’équipe, les jeux de société, que je vois le travail d’aide à domicile comme un travail d’équipe avant tout ?
En tout cas, même s’il est exercé le plus souvent en solo, il est pour moi, l’un des métiers, où la coopération des « protagonistes » (personnes aidées comprises) me semble primordial ; ce sont des partenaires indispensables, pour ne pas dire des co-équipiers, avec qui communiquer, composer, est indispensable, même dans les situations où nous ne faisons « que » du ménage. Chacun apporte ses compétences, son expérience et chacun grandit de ces échanges. Le capitaine, la personne aidée, si elle est autonome et qu’elle peut exprimer ses choix, peut décider du comment, du pourquoi et du quand. Bien sûr, il y a des règles : les limites professionnelles, les limites personnelles, les limites du droit du travail. Mais encore faut-il que chacun connaissent ces règles pour que ce jeu coopératif se déroule dans de bonnes conditions.
Justement parce que l’on est souvent seul(e) à intervenir au domicile d’une personne, nous échangeons peu avec les autres professionnels et avec nos collègues, qui nous remplacent ou avec lesquels nous alternons.
Vous qui n’êtes pas auxiliaires de vie, vos collègues, vous les rencontrez au travail, vous partagez du temps avec eux, une réunion, un projet, parfois même un repas. Alors que nous, qui accompagnons la même personne, avec, si possible, les mêmes objectifs, les mêmes valeurs et les mêmes moyens, nous ne nous voyons pas, nous ne nous connaissons que très peu, voire pas du tout. C’est navrant. Cela s’explique par le fait que rythme des interventions et la manière dont elles sont menées, notamment dans les situations d’urgence ne laissent pas beaucoup de place à l’échange entre intervenants, aidants et personnes aidées.
Je plaide pour nous apprenions à mieux communiquer entre nous tous afin que le relais des informations, condition nécessaire pour bien faire ce travail, se déroule plus souvent et plus harmonieusement.
Françoise Bouillon, auxiliaire de vie,