Le confinement a révélé une faille dans la prise en charge des fragiles de notre société. De nombreux travailleurs sociaux de CCAS se sont avérés incapables de mettre en place des dispositifs temporaires et exceptionnels durant le confinement, abandonnant de ce fait des personnes vulnérables à leur isolement. Au prétexte que des chauffeurs-livreurs de repas avaient fait valoir leur droit de retrait durant le confinement, le portage des repas à des personnes handicapées ou en perte d’autonomie a tout simplement été interrompu dans certaines communes. Ainsi Sylvie, cette femme de 53 ans en fauteuil roulant, sans famille et sans amis à proximité, qui s’est retrouvée du jour au lendemain sans vivres. Elle a fini par m’appeler, moi, la psychologue de l’équipe mobile (elle avait gardé mes coordonnées après une intervention remontant à quelques mois ) pour m’envoyer un signal de détresse. Elle arrivait au bout de son paquet de lentilles et n’avait plus que de l’eau sucrée comme moyen de subsistance. Son CCAS ne répondait plus. Ou alors, lui expliquait qu’il n’avait pas été prévu de dispositif spécifique. Sans mon intervention, j’ai réussi à mobiliser des voisins, cette femme serait morte de faim.
Daniella, psychologue dans une équipe mobile travaillant pour des bailleurs sociaux.