Plusieurs études et observatoires le confirment : la pandémie du coronavirus affecte le moral de la population. Mais pourquoi exactement ? L’éclairage de deux psys.
Plusieurs études et observatoires le confirment : la pandémie du coronavirus affecte le moral de la population. Les sentiments d’exclusion et d’isolement se seraient particulièrement accrus chez les personnes âgées de plus de 65 ans, les plus fragiles face au virus et donc subissant le plus de restrictions sociales.
« Cette augmentation du mal être n’est pas surprenante, affirme Jean Dauriac, psychiatre et psychothérapeute dans un service médical de premier recours. « Durant la première vague du virus, l’impression de vivre une épreuve commune a généré un élan de solidarité qui a permis de contenir les angoisses individuelles. Mais l’épreuve durant, les gens se sont repliés dans un fonctionnement plus individualiste. Ils communiquent moins, se sentent moins concernés par les autres. Par ailleurs, toute situation de stress qui s’installe provoque de l’épuisement psychique. Or le contexte est stressant car les incertitudes sont partout. Nous ne sommes pas habitués à vivre dans la perte de contrôle et l’impossibilité de se projeter à long terme ».
Stressant le contexte, aussi en raison de la mauvaise gestion de la crise sanitaire par le gouvernement, selon la psychologue et psychothérapeute Emmanuelle Saros « On nous dit tout et son contraire depuis des mois, avec des expressions anxiogènes comme « ce que nous vivons est grave », on nous prive de ce qu’on aime, on nous culpabilise de ne pas nous comporter comme il faudrait, on subit des décisions qui paraissent arbitraires et injustes. On se retrouve dans la même situation qu’un salarié dans une entreprise qui fait un burn-out parce que le management est incohérent ».
L’effet de ce stress accumulé par l’arrivée soudaine et brutale du Covid-19 dans notre existence, par les restrictions tous azimuts et par les messages de santé publiques contradictoires ? Une dérégulation de la production de dopamine et de sérotonine, deux hormones jouant un rôle capital sur le système nerveux. Résultat : des troubles anxieux et dépressifs se développent, y compris chez les personnes qui n’avaient jusqu’à présent jamais connu de défaillance psychologique. En clair, se mettre à ruminer des idées noires est logique. Et ne traduit pas de faillite personnelle. Il y a des tas de bonnes raisons de se sentir déprimé. Mais la crise sanitaire peut ébranler plus profondément les personnes qui auraient déjà vécu dans leur parcours un évènement traumatique. Le mal-être qui s’empare d’eux est particulièrement violent car il est chargé par « le retour du refoulé », comme on dit en psychanalyse. Dans tous les cas, chercher de l’aide auprès d’un professionnel est conseillé.
Odile Dor