Fabienne, 52 ans, a accompagné sa belle-mère malade pendant quatre ans. Une expérience humaine inoubliable qui l’a transformée.

« J’ai toujours été proche de ma belle-mère, Jane, mais quand son état de santé s’est détérioré, notre lien s’est approfondi. Elle m’a investie comme sa personne de confiance. Pendant quatre ans, j’ai mis ma vie personnelle entre parenthèse. Je l’ai accompagnée à tous ses rendez-vous médicaux, notant scrupuleusement tout ce que les professionnels de santé nous disaient. Quand elle avait besoin d’aide, je plaquais tout et la rejoignait. Vers la fin de sa vie, je travaillais le matin, puis je restais auprès d’elle de midi jusqu’au soir. Je suis tellement reconnaissante à mes employeurs de m’avoir laissé gérer mon temps ! Certains soignants me mettaient garde : « Attention, pensez à vous aussi ». Ma force, je la puisais dans ce petit bout de femme qui était encore plus fort que moi en faisant face à tout ce qui lui arrivait. Un jour, ma belle-mère m’a demandé si je n’aurais pas mieux à faire que m’occuper d’elle. Mieux à faire ? Mais rien ne valait notre complicité, les confidences que nous échangions, les fous rires que nous attrapions aux moments les plus improbables. L’accompagner n’a jamais été un sacrifice. Pour tout l’or du monde, je n’aurais pas voulu être ailleurs qu’à ses côtés pour recueillir tout ce qu’il y avait de si vivant en elle. Jane est décédée il y a un moins. Cet accompagnement a été une expérience humaine si intense, qu’elle m’a transformée. Depuis son décès, j’ai entamé une formation pour changer de voie, je suis comptable, et me rapprocher du monde médical pour y défendre le rôle des proches aidants. Ceux-ci connaissent tellement bien leur malade qu’en un seul regard, ils sentent et savent ce qui ne va pas. Mais les soignants ont souvent du mal à le comprendre et à le reconnaître. Il faudrait qu’aidants et soignants fassent plus alliance ».

Fabienne, proche aidante.