La question est souvent posée aux auxiliaires de vie, tant leur travail paraît peu désirable. Yasmine y répond.
Vous m’auriez dit, il y a cinq ans, que je ferais ce boulot un jour, je vous aurais ri au nez ! Moi, aller faire la toilette de vieilles personnes et nettoyer leurs saletés, jamais ! Je trouvais cela dégradant. J’aurais même ajouté : venir du Bénin pour se retrouver à exercer ce métier, quel ratage. Et puis, sans boulot mais en quête d’emploi, j’ai été orientée vers une agence qui recrutait des auxiliaires de vie. Je m’y suis rendue, j’ai déposé un CV et tout de suite, au vu de mon expérience, on m’a proposé un CDI. Incroyable. Avec beaucoup d’enthousiasme en plus. Se sentir à ce point désirée n’est pas fréquent ! J’ai donc accepté en me disant, j’essaie un mois et je démissionne dès que j’aurai trouvé mieux. C’était compter sans l’attachement qu’on noue avec les bénéficiaires. Dès ma première mission, j’ai été envoyée chez un couple de personnes âgées très isolé qui se sentait délaissé et avait besoin d’aide à plusieurs niveaux. A peine entrée dans leur appartement que le monsieur s’est exclamé : j’espère que vous ne nous abandonnerez pas, ma femme et moi, au bout d’une semaine. On a besoin de vous ! On aimerait vous garder jusqu’à notre mort. J’ai promis et voilà. Cinq ans plus tard, j’y suis toujours dans ce métier que je trouvais dégueulasse ! De fait, il est très enrichissant. J’ai appris plein de choses au contact des personnes chez qui j’interviens. Parce que je parle beaucoup avec eux. Et il est valorisant. Les instituteurs de mes enfants leur ont dit qu’ils pouvaient être fiers de leur mère : qu’elle faisait un boulot formidable. C’est vrai que sans nous, les auxiliaires de vie, tous ces papis et mamies chez qui nous allons ne pourraient plus vivre chez eux.