Pourquoi tant de femmes parmi les professionnels du care ? Déconstruction d’une idée reçue.

Pourquoi 93%* des auxiliaires de vie sont du genre féminin ? Pourquoi les métiers de soin et de services aux personnes n’attirent-ils pas les hommes, alors, qu’eux aussi sont en quête d’emplois qui ont du sens et les valorisent sur le plan humain ? Alors qu’eux aussi souffrent de manquer de temps pour s’occuper de leurs enfants ? Savent -ils que les métiers de service aux personnes offrent beaucoup de temps partiels qui facilitent la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle ? Justement, si ces métiers s’ouvrent peu à la gent masculine, c’est parce que mal rémunérés, ils représentent souvent des salaires d’appoint au sein d’un couple.

Autre raison : contrairement aux femmes, les hommes ne savent pas naturellement s’occuper des autres ! C’est une idée reçue bien-sûr, mais encore trop répandu.

Pour trop de personnes encore, des deux sexes, être une femme serait suffisant pour réaliser naturellement des taches domestiques et prendre en charge des fragiles. La référence à un supposé « instinct » maternel permettant d’expliquer cette aptitude. Cette naturalisation des savoir faire domestiques est d’ailleurs souvent revendiquée par les femmes elles-mêmes qui disent n’avoir jamais appris,  ni à cuisiner, ni à entretenir le linge, ni à s’occuper des enfants, mais avoir été capables instantanément d’assumer tout cela quand elles en ont ressenti la nécessité. Par quel tour de magie savent-elles faire tout cela, alors ? Les apprentissages domestiques sont des apprentissages dits invisibles parce qu’ils ne reposent pas sur des transmissions formelles : ils s’effectuent par mimétisme, les filles reproduisant sans le savoir, sans le vouloir parfois, des gestes inconsciemment enregistrés comme partie intégrante de leur identité féminine. Or ce sont ces savoir faire acquis dans le cadre domestique qui sont ensuite spontanément utilisés, faute d’apprentissage formel, dans l’exercice du travail salarié. On ne naît pas femme, on le devient. De même qu’on ne devient pas auxiliaire de vie, on le devient en se formant.

* (Source : Fédération française des services à la personne et de proximité).