La question est souvent posée aux auxiliaires de vie, tant leur travail semble peu désirable. Eleni y répond.
« La réponse à cette question est : par hasard. Mais le hasard fait bien les choses. Après un BTS de vente, j’ai rejoint une grande enseigne de parfumerie en contrat à durée indéterminée. Une expérience éprouvante. Nos managers n’avaient qu’une expression à la bouche : faire du chiffre. Pour y arriver, on nous demandait d’investir notre maquillage et de forcer nos sourires. La crise du Covid, qui m’a mise au chômage technique pendant quelques semaines, m’a permis de prendre du recul et de réfléchir au sens de ma vie. Quand les magasins non essentiels ont ré-ouvert, je n’ai plus eu envie de reprendre ce boulot. La rencontre avec une voisine de 92 ans m’a fait devenir auxiliaire de vie, la sienne, puis celle d’autres personnes âgées. Une révélation ! J’adore ce travail, tellement il me fait me sentir utile. Les gens m’attendent comme si j’étais un soleil et me remercient quand je pars. J’ai l’impression d’avoir retrouvé ma condition d’humaine. Je serais parfaitement heureuse si j’étais mieux rémunérée et si mon fiancé n’avait pas honte de mon nouveau métier. Il me trouve peu ambitieuse, pourtant mes ambitions pour l’être humain fragile sont immenses » !
Eleni, auxiliaire de vie, 32 ans.