La première intervention chez une personne est souvent source de questionnement, d’incertitude, voire de stress.
Il arrive que nous soyons appelés en urgence pour remplacer une collègue, en urgence aussi pour un retour d’hôpital, en urgence encore si l’aidant est lui-même hospitalisé ou souffrant ou bien si la personne aidée voit son état de santé se dégrader rapidement.
La plupart du temps, nous avons très peu d’éléments concernant la personne auprès de qui nous allons intervenir : nous ne sommes pas des « soignants » et donc à ce titre, nous ne sommes pas « sensés » avoir des informations relevant de l’état de santé de la personne aidée.
La première fois est alors un saut dans l’inconnu… quelles inconnues !
Peut-être que ce jour-là, la personne ne voudra pas de nous…entendez, ne voudra pas de notre aide et donc, ne nous ouvrira pas la porte,
Peut-être qu’en rentrant, nous ne saurons pas par quoi commencer parce que notre mission n’a pas été très précise et nous devons mieux cerner les besoins de la personne,
Peut-être que la personne sera agacée de répéter où se trouve le nécessaire pour l’entretien du logement, de la cuisine… Ou sera dans l’incapacité de nous expliquer les choses,
Peut-être que cette personne sera prostrée dans son chagrin et ne souhaitera pas nous parler,
Peut-être aura-t-elle un trouble invisible qui perturbera la communication avec lequel nous apprendrons à composer…
Mais peut-être qu’il n’y aura-t-il rien de tout cela et l’intervention se déroulera, tout à fait « normalement ». Petit à petit, nous apprendrons à mieux comprendre cette personne, à identifier ses capacités et ses difficultés, à faire la différence entre ses besoins réels et ceux supposés par l’entourage, à appréhender son environnement et son passé pour savoir avec quels aidants ou professionnels nous partageons cet accompagnement… probablement une belle aventure. Mais peut-être pas !
Françoise Bouillon, auxiliaire de vie