Lysiane Pastourie, psychologue clinicienne dans un centre de soin et à la plateforme d’appel Sesam* à Marseille, constate les effets toxiques du confinement sur l’équilibre psychique des individus, qui se vérifient aussi durant le déconfinement.
« Les deux période de confinements que nous venons de vivre ont perturbé l’équilibre psychique de beaucoup de personnes. Y compris de celles qui n’avaient jamais présenté de troubles psy. Rien d’étonnant : les restrictions de liberté et les privations sont venues réactiver des traumas anciens, datant souvent de la petite enfance, qui avaient été enfouis et oubliés.
La peur du coronavirus, l’isolement, l’impossibilité de faire des projets, même à moyen terme, la crainte d’un déclassement social, ont agi comme autant de perturbateurs psychiques. L’intime s’étant trouvé attaqué, les mécanismes de défense ont vacillé et se sont parfois effondrés. D’où des accès d’angoisse et de dépression chez des personnes qui paraissaient équilibrées et dont les fragilités étaient jusque-là passées inaperçues.
Par ailleurs, le télétravail qui s’est développé durant les deux périodes de confinement et qui tend désormais à se généraliser, produit de l’épuisement psychologique pouvant conduire au burn-out. Il n’est pas donné à tout le monde de savoir poser des limites entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle dans son espace de vie.
La peur d’être contaminant agit comme une pression psychologique épuisante chez tous les professionnels qui travaillent au contact de personnes fragiles, notamment chez les professionnels du grand âge.
Le confinement et la privation de liberté ont des effets délétères qui s’expriment aussi lors des phases de déconfinement. La soif de retrouver la vie d’avant, de faire la fête avec des amis, a occasionné, l’été dernier, plus d’accidents graves de la route, plus d’AVC dus à des excès d’alcool, plus de conduites à risques avec de lourdes conséquences, particulièrement chez les jeunes.
Voilà pourquoi, durant cette deuxième vague du coronavirus et à la veille d’un déconfinement, il est important d’être attentif à son état psychique. Baisse de moral et fatigue chronique doivent être pris au sérieux. Si cela perdure, il ne faut pas hésiter à se faire aider ».
* Sesam, service d’écoute et de soutien accompagnement mutualiste, a été mis en place par la Fédération diversité proximité mutualiste (FDPM) avec un accès facilité à six psychologues cliniciens dans la Région