Le reconfinement dû à la deuxième vague de l’épidémie du coronavirus pèse lourd sur le moral de Josiane. Régine, son auxiliaire de vie, a décidé d’en faire plus…
Durant le confinement du printemps dernier, Josiane, la dame de 82 ans chez qui j’interviens deux fois par semaine pour des courses et l’entretien de son domicile, était terrorisée par le coronavirus. Elle me demandait de me changer à mon arrivée chez elle, de me laver et relaver sans cesse les mains, de fermer les volets après mon départ. Elle a vécu plusieurs semaines complétement calfeutrée, les yeux rivés sur les chaines d’info en continu qui l’ont maintenue dans un état de grande anxiété.
Durant cette seconde vague, ça n’est plus le virus qu’elle craint, mais l’isolement. C’est comme si le souvenir de l’extrême solitude dans laquelle elle s’est trouvée au printemps et qu’elle paraissait avoir bien supporté, lui pesait d’un seul coup. Josiane va mal. Et supporte mal les restrictions de sorties et de vie sociale. Dès que j’arrive, elle me harponne pour me parler. Elle me suit de pièce en pièce pour jeter en vrac tout ce qui lui passe par la tête. Elle regarde sa montre toutes les cinq minutes et je la sens paniquer lorsque l’heure de mon départ approche. Elle m’a dit l’autre jour qu’elle préférerait mourir du virus parce qu’elle serait allée manger au restaurant avec des amis que d’un excès de solitude. J’ai décidé de l’appeler chaque soir après le dîner. Je sais que je ne devrais pas ; nous, les auxiliaires de vie sociale, ne devons pas nous attacher aux personnes chez qui nous intervenons, mais je suis très touchée par cette petite dame veuve et sans enfants qui se retrouve emmurée chez elle.
Régine, auxiliaire de vie.