Fière de son métier et consciente d’être essentielle auprès des personnes fragiles. Faizia ne mâche pas ses mots.

« Pendant le confinement, on a entendu que certains métiers étaient essentiels. Celui d’auxiliaire de vie a rarement été cité. Pourtant, il l’est, essentiel. Sans nous, qui l’exerçons, combien de personnes fragiles ne pourraient pas demeurer dans leur domicile ?  Sans nous, combien vivraient comme des animaux dans des appartements laissés à l’abandon ? Récemment, je me suis battue pour que l’octogénaire chez qui j’interviens deux fois par semaine pour du ménage et de l’aide aux repas puisse dormir dans un vrai lit. Et plus sur un matelas posé à même le sol. Oui, cette dame ne parvenant plus à se hisser seule dans son lit, m’avait demandé de l’aider à installer son matelas par terre. Je précise que le lino qui recouvre le sol son appartement est déchiré à certains endroits et que des cafards s’y promènent la nuit. Comme cette dame n’a pas de famille, j’étais la seule qui pouvait témoigner de l’indigence de ses conditions de vie. J’ai parlé de sa situation à la structure qui m’emploie. On m’a demandé de faire des photos puis on m’a aidée à faire un signalement aux services sociaux. Après plusieurs mois d’attente et de relance, la dame s’est fait livrer un lit médicalisé qui monte et qui descend en appuyant sur la touche d’un petit boîtier. Quelle joie elle a exprimée lorsqu’elle l’a reçu chez elle !  Et quelle fierté j’ai éprouvée. Non, je ne suis pas une ombre venant passer le balai chez des vieilles personnes. Je suis essentielle car je les aide à rester des humains dignes ».