Fatima, auxiliaire de vie, se sent essentielle pour Marguerite et Paul. Mais pendant le confinement, elle n’a pas été reconnue comme telle. Au désespoir de ses enfants.
Jusqu’à la pandémie du Covid 19, je pensais exercer un métier essentiel. Si je ne faisais pas les courses de Jeanine, 89 ans, elle ne mangerait jamais de produits frais. Si je n’aidais pas Paul, 78 ans, pour sa toilette, il passerait ses journées en pyjama et pas rasé. Si je n’entretenais pas le cadre de vie de Marguerite, elle dormirait sur son canapé et laisserait s’entasser la vaisselle sale sur sa table de salon. D’ailleurs Marguerite me le répète souvent : je suis son Ange Gardien. Quand la pandémie est arrivée, je n’ai pas envisagé un seul instant d’exercer mon droit de retrait. Je suis essentielle pour Jeanine, Paul, Marguerite et tous les autres. « Non, vous ne l’êtes pas ! Seuls les soignants le sont, essentiels » m’a affirmé la Mairie de ma commune refusant de ce fait que mes enfants soient accueillis dans l’école. Pour m’occuper des personnes qui comptent sur moi pour continuer à vivre, j’ai dû laisser mes trois enfants, de 5 à 10 ans, sans surveillance à la maison. Sans les aider pour leurs devoirs. J’ai fait passer ma conscience professionnelle avant mes enfants pendant plus d’un mois. J’ai peur que cela recommence.
Fatima, auxiliaire de vie
Pour comprendre pourquoi la profession d’auxiliaire de vie peine à être reconnue, il faut remonter dans l’histoire de ce métier. Lire l’analyse de Brigitte Croff. https://tamtam-blog.fr/pourquoi-pas-percues-comme-essentielles-les-auxiliaires-de-vie/