Difficile de perdre une bénéficiaire parce qu’elle s’en va habiter dans un Ehpad. C’est ce que vient de vivre avec chagrin, Fatima, auxiliaire de vie.

Je pleure. Impossible de retenir mes larmes. Aujourd’hui, j’ai préparé pour la dernière fois le repas préféré de madame Renée : une omelette baveuse à l’ail. Après le repas, son fils est venu la chercher pour l’emmener dans une maison de retraite. Je ne comprends pas pourquoi ce fils a pris une telle décision : madame Renée ne se débrouillait pas si mal, toute seule chez elle. Je passais tous les jours pour la toilette et l’aide aux repas ; elle avait un bracelet électronique pour prévenir en cas de chute. Mais le fils trouvait qu’elle devenait trop étourdie. Je pleure. J’aimais madame Renée comme ma mère. D’ailleurs, elle m’appelait « ma fille ». J’ai lavé son assiette pendant que son fils l’aidait à enfiler son manteau et nous sommes descendus ensemble jusqu’à la voiture. Elle m’a fait promettre d’aller la voir. Mais c’est loin et par les transports, cela me prendra des heures. Je ne sais pas si je reverrai madame Renée. Je réalise qu’intervenir chez des personnes âgées expose à ce type de perte, brutale. C’est difficile.

Fatima