L’audition diminue naturellement avec l’avancée en âge. Pour autant il ne faut pas s’en accommoder. Mal entendre et se faire entendre expose à des problèmes plus graves. Conseils pour être à l’écoute des malentendants et leur donner envie de ne pas se replier sur eux-mêmes.

La perte auditive est naturelle

C’est une déficience qui peut longtemps passer inaperçue. Dans un monde saturé en musiques d’ambiance et sonneries d’alerte en tous genres, demander à son interlocuteur de répéter ce qu’il vient de dire n’est pas forcément le signe d’une perte auditive. Pourtant, si la demande émane d’une personne qui a plus de 65 ans, elle signale dans les deux tiers des cas, de la presbyacousie (pendant auditif de la presbytie). A partir de 60 ans, en effet, les hommes perdent en moyenne 0,5 décibel/an, puis 1 décibel/an entre 60 et 70 ans, 1,5 décibel/an entre 70 et 75 ans et 2 décibels/an au-delà. Pour les femmes, les pertes sont identiques mais apparaissent 10 ans plus tard. (Evidemment, ces chiffres sont modulables selon le bagage génétique et l’exposition aux sons forts, de chaque individu). Naturelle, la perte auditive ne doit pas être négligée pour autant.

Un cerveau moins stimulé et tendance au repli sur soi

Diverses études ont montré l’impact de la perte auditive sur les fonctions cognitives du cerveau ; elles se détérioreraient plus vite (40%) chez les personnes malentendantes. Ce déclin accéléré s’explique par le fait que les stimulations auditives perçues diminuant, le cerveau perdrait l’habitude d’être sollicité. Par ailleurs, quelqu’un qui entend mal participe de moins en moins aux échanges avec son entourage. Ce qui limite d’autant l’éveil du cerveau qui perd de sa vitalité. Le retranchement progressif d’une personne qui entend mal a une autre conséquence : l’isolement social. S’ajoutent à cela, l’agacement et l’incompréhension dont souffrent les malentendants. Heureusement, cet engrenage n’est pas une fatalité. La déficience auditive se solutionne : neuf malentendants sur dix peuvent retrouver leur audition grâce à des appareils auditifs. Il est primordial pour cela de traiter le problème le plus tôt possible. D’où le rôle essentiel de l’entourage.

Détecter les premiers signes

Les causes et les modes d’apparition de la perte d’audition sont variés. Elle peut s’installer brusquement ou apparaître de manière progressive et insidieuse. Il arrive à tout le monde de faire répéter les gens, par réflexe ou manque de concentration. Difficile, donc, de se rendre compte des débuts d’une déficience auditive chez soi. En cas de suspicion de perte auditive, il est recommandé aux proches d’effectuer un test simple : appel du prénom, demande d’identification de bruits divers. Si le test confirme une difficulté d’audition, il faut conseiller à la personne d’aller consulter. D’autres signes peuvent mettre la puce à l’oreille : le son de la télévision ou de la radio poussé au maximum ou dans un autre registres, des manifestations fréquentes d’irritation. Une personne qui entend mal a souvent l’impression d’être mise à l’écart, voire d’être sujet de moqueries.

Inviter au dépistage

Dès les premiers signes d’une gêne auditive, le proche peut accompagner le malentendant consulter un médecin spécialiste ORL (Oto-Rhino-Laryngologiste). L’examen de base est simple, rapide et indolore. Après un bilan ORL complet, le médecin effectue un examen audiométrique qui indique les degrés de perte auditive aux diverses fréquences. Il diagnostique les causes et prescrit au patient le meilleur moyen de réhabilitation. Le plus souvent, il invite à l’appareillage.

Pour les retraités, la CPAM, les caisses de retraite et les instituts de gérontologie proposent un bilan annuel avec audiométrie de dépistage.

Véronique Châtel