Le cahier de liaison est un objet essentiel dans le déploiement d’un plan d’aide. Il permet à tous les intervenants au domicile d’une personne aidée de se relayer et de communiquer. Encore faut-il maîtriser les codes d’une communication bienveillante pour tout le monde. Ce qui n’est pas toujours évident.

Il est indissociable d’un plan d’aide, le cahier de liaison. Il en est même une pièce-maîtresse. Même s’il est mis en circulation par la structure d’aide à domicile, il joue rôle d’un tableau de bord auquel tous les aidants – proches ou professionnels – qui viennent au domicile d’une personne fragilisée ou en perte d’autonomie, peuvent se référer. Qui est venu et à quelle heure ? Qu’est-ce qui a été effectué ? Qu’est-ce qui reste à faire ? S’est-il passé quelque chose d’exceptionnel à transmettre aux autres qui passeront ? Présenté comme cela, la gestion du cahier paraît simple. De fait, elle est complexe car les attendus des lecteurs du cahier ne sont pas identiques.

Pour les responsables de structures d’aide à domicile qui mettent en place le plan d’aide, le cahier de liaison permet de rendre compte de ce qui a été effectué par leurs salariés.  C’est une trace qui peut s’avérer utile en cas de litige, que ce soit avec les bénéficiaires, leurs familles, des institutions, voire entre auxiliaires de vie. Pour les professionnels qui interviennent au domicile, le cahier de liaison leur permet de se relayer dans la fluidité. Pour les familles des bénéficiaires, le cahier de liaison agit comme le témoin de ce qui se passe chez leurs proches et il apporte de la réassurance. Le cahier de liaison n’est pas destiné à être lu par les bénéficiaires mais comme il reste chez eux et qu’il occupe souvent une place centrale, il n’est pas rare qu’ils le lisent.

Avec quatre types de lecteurs potentiels aux attentes spécifiques, on comprend pourquoi le cahier de liaison peut générer des problèmes de communication. Exemple ? Exemples.

C’est une auxiliaire de vie qui note pour sa collègue du soir de ne pas oublier de sortir une lessive de la machine à laver avec quatre points d’exclamation, histoire de lui signifier qu’en général, elle oublie. Évidemment, cela agace la collègue qui réagit en demandant de ne plus travailler en binôme avec elle. Ce qui va compliquer la vie de tout le monde : la structure employeur, le bénéficiaire et sa famille.

C’est une auxiliaire de vie qui écrit qu’une fois encore madame Y. a refusé de prendre sa douche, qu’il a fallu négocier longtemps, ce qui a fait perdre du temps d’intervention. Évidemment, cela ne plait au bénéficiaire qui se sent dénoncé comme un enfant. Et cela ne plaira pas à ses proches non plus.Pour éviter les incidents diplomatiques, certaines auxiliaires de vie finissent par « oublier » d’écrire quoique ce soit dans le cahier. Ce qui pose d’autres problèmes….

Alors ? Il s’agit d’écrire dans le cahier en restant factuel sur l’intervention et en veillant à ne froisser la sensibilité de personne. Pas facile. Surtout quand on maitrise mal la langue française. (lire l’histoire de Ninja, Il ne fallait pas écrire « caca » »)

Véronique Châtel