Et si pour trouver du répit, les proches aidants comptaient davantage sur les aidants professionnels ? Le point de vue de Linda, auxiliaire de vie.

« Ma plus grande satisfaction d’auxiliaire de vie à domicile ? Constater que ma venue soulage les proches aidants. C’est l’épouse de ce monsieur paraplégique, qui, me sachant présente à l’heure du déjeuner pour faire manger son mari, vider sa poche d’urine, l’installer sur son fauteuil devant la télévision, part travailler sereinement le matin. Ce sont ces deux filles qui se relaient chaque soir auprès de leur mère et qui profitent de ma venue, le jeudi, pour s’accorder une soirée de détente.

Sentir qu’on me délègue avec confiance ce que ces personnes ont de plus cher, leur proche vulnérable, me motive dans mon travail et me remplit de joie. Malheureusement, cette confiance n’est pas fréquente. Les proches aidants sont si souvent refermés dans leur bulle domestique qu’ils vivent l’intervention des auxiliaires de vie comme autant d’intrusions dans leur sphère intime.

Ils ne nous expliquent pas le contexte et nous laissent tâtonner comme pour nous mettre à l’épreuve, ne réalisant pas que c’est l’aidé qui en subira les éventuelles conséquences. Ils ne profitent pas de notre présence pour sortir et prendre du bon temps pour eux. Ils restent là, nous surveillent, nous demandent des choses qui ne relèvent pas de nos attributions. Par exemple du repassage pour eux. C’est tellement dommage ! Ils n’imaginent pas à quel point ils gâchent ce qui pourrait se passer dans cette relation. Car lorsque la communication passe bien entre nous, aidants proches et aidants professionnels, on devient une équipe. Ce que vit l’un permet à l’autre de s’ajuster. Quand la confiance est là, nous sommes plus enclins à prendre des initiatives. Récemment, j’ai connu ce grand bonheur d’assister aux premiers pas d’un monsieur qui ne marchait plus. Son kiné, chez qui je l’accompagne deux fois par semaine, l’a remis debout. J’ai filmé la scène et l’ai envoyée à ses enfants. Ils étaient très émus. Ils ont réalisé que nous partagions les mêmes objectifs ».

Linda, auxiliaire de vie